Ca ne m'intéresse pas

Les rencontres thérapeutiques amènent parfois (et même souvent!) à se questionner sur tel ou tel sujet.

Forte des idées de Rogers et convaincue de la puissance de l'expérience personnelle, j'expérimente, vis, ressens les énènements parfois avant même de poser une quelconque théorie dessus.

Dans le désordre de mon approche, je pourrais formuler ainsi mes recherches : expérience, théorie, expé-théo-rience, théo-expé-rie-ence..., pas de sens à mon sens, juste savoir reconnaître ce qui est juste pour moi au moment où je le vis et peut-être même approcher une expérience par une forme qui me ressemble : tout de front, joyeux mélange.

Je trouve l'enseignement théorique dont j'ai besoin dans ma formation à l'ACP, avec les facilitateurs, les autres stagiaires, dans les livres, et aussi en partageant mes questionnements avec mes semblables, formés ou non à la psychologie, et même parfois très éloignés de cet univers.

Aujourd'hui mon intérêt se porte sur la psychose et plus particulièrement la psychose paranoïaque.

Je cherche, j'hume, je questionne, je lis, j'essaie d'ajuster mon ressenti à mon expérience personnelle en ouvrant mes sens, en partageant mon questionnement, une sorte d'enquête minutieuse permanente, vigilente et exigeante, qui interroge, scrute, titille les idées reçues, comme une quête insatiable qui s'arrêtera (ou s'amenuisera) le jour où je sentirai une justesse intérieure.

J'ai bien conscience que la psychopathologie telle qu'elle est définie par la psychiatrie peut représenter pour l'approche centrée sur la personne un aspect alliénant voire une antithèse des théories rogériennes. Voir texte ici

En effet, dans les conditions définies par Rogers concernant les attitudes propres au changement de la personne, on note le regard positif inconditionnel ou le non-jugement.

L'acceptation de la personne permet le mouvement, et la psychopathologie en définissant clairement des symptômes d'un individu semble à l'opposé de ce regard non-jugeant.

Pourtant, dans le cursus de formation ACP ou tout autre formation à la psychothérapie, la psychopatho est obligatoire.

Alors quoi faire de ces paradoxes?

Cherchant des réponses à mes questions, je m'adresse à une personne d'expérience en employant le terme psychose paranoïaque. Réponse immédiate : Ca ne m'intéresse pas!

Mais qu'est-ce qui ne t'intéresse pas? le sujet? Le mot employé? La personne?

Je reste trop surprise par cette réponse pour aller plus loin.

Je me sens coupable d'employer un mot... Dangereux? Interdit? Jugeant?

Est-il possible d'employer des mots qui définissent des symptômes d'une personne sans la juger?

Est-ce que le langage peut nous permettre d'user des raccourcis linguistique afin d'aller directement au coeur du sujet et éviter de perdre du temps en tournant autour du pot?

Je n'aime pas le dogmatisme et il peut à mon sens se trouver dans un sens aussi bien que dans un autre.

Les positions définitivent m'ennuient et en le formulant je prends aussi conscience du paradoxe d'un tel propos.

Je me pose plusieurs questions : nommer est-ce juger?

Comment désigner sans juger?

A cet instant, je pense à Magritte : Ceci n'est pas une pipe

La trahison des images

Ceci n'est pas une pipe puisque ceci est une image, une peinture.

Pourrait-on dire ici la trahison des mots?

La psychopathologie est pour moi une manière de parler de symptômes reconnus au niveau psychiatrique, et ne pas reconnaître ce mot c'est comme nier leur existence réelle.

Aujourd'hui, je suis d'accord pour ne pas en faire un dogme mais je suis contre éviter de poser les questionnements sous prétexte d'idéalisation de concepts théoriques ou que sais-je d'autre.

Je ressens une frustration lorsque dans mes recherches on me ferme la porte au nez.

J'ai conscience de souvent mettre le doigt là où je ne devrais pas. Malgré tout, cet aspect exigeant me semble le plus juste pour découvrir de ouveaux chemins et surtout ne pas s'endormir sur des théories passées, mais bien les actualiser en permanence.