Lâcher prise

J'essaie d'écrire et je n'y arrive pas.

Entre ce que j'aimerais dire et ce que je souhaite révéler de moi (au public), c'est un combat permanent. Je pense à la congruence. Jusqu'où être authentique et en même temps savoir se protéger d'une trop grande mise à nue, de jugements éventuels. La protection engendre la peur, avec la peur un début de fermeture, et ne plus être disponible pour l'autre.

Comment être à la fois l'émetteur et le récepteur? A un moment donné, je peux faire ce qui est juste pour moi, et m'affirmer sans forcément penser à ce que l'autre pourrait dire de moi, de mes gestes, mes mots.

Le jugement est un poids éternel et nous sommes souvent les premiers à nous y enchaîner.

Souvent, les femmes, après la naissance des enfants, portent un regard négatif sur leur corps : trop de hanches, de fesses, le ventre mou... On se dévalorise en regardant les modèles esthétiques trompeurs des mannequins retouchés sur photoshop. Un modèle idéal qui est loin de notre réalité. Notre corps n'en est plus un. Plus de formes, plus de texture de peau, plus de plis, de petites rides, de veines, de poils, de cicatrices. Notre vécu, notre vie, ce que nous sommes est gommé, notre corps disparaît petit à petit au profit d'une enveloppe idéalisée, parfaite.

Eternelle jeunesse? Et pourquoi ce que je suis ne pourrait pas être accepté? Ma vie, mes souffrances, mes joies, mon expérience?

Accepter son corps c'est accepter sa vie, et lâcher prise avec une image fantasmée de ce que nous pourrions être.

Nous sommes notre pire ennemie.

L'horreur c'est les autres disait sartre en pensant l'impossibilité de vivre sans le regard de l'autre et la dépendance engendrée par cette prise de conscience.

Où irait une société sans un reflet juste de ce que nous sommes? Un reflet déformé par le dogme du paraître au préjudice de l'Etre?

Un monde parfait.

Qu'est-ce que la perfection si ce n'est l' idéalisation de nos croyances?

Les "défauts" ne sont-ils pas la partie constituante de ce qui nous rend humain et de nos différences?

Penser qu'on a des défauts c'est un jugement sur soi-même. C'est refuser une part de soi, s'auto-déprécier.

Alors on essaie de rejeter cette part inacceptable, on la cache, la dissimule, on l'enfouit sous un sourire crispé ou même en prenant des existants pour la stimuler, l'appaiser sous des tranquilisants.

On joue à cache cache avec nous-même mais jamais on ne se regarde entièrement dans ce miroir.

Le pire c'est de croire qu'on est seul avec nos travers, de croire que les autres sont parfaits.

On tente alors d'atteindre cette perfection.

Le monde du travail nous impose trop souvent des petits jeux comme ceux-là. C'est un monde violent, fait de faux-semblant où malheureusement l'humain a trop peu la place qu'il mérite.

L'homme est bon et il l'oublie.

Nous sommes tous humains, nous naissons dans la douleur, les cris et la joie.

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